Présentation du cours :
« La femme est par essence la sagesse,
La source de la prajna spontanée et du corps subtil.
Ne la considère jamais comme inférieure ;
Efforce-toi particulièrement de la voir comme Vajravarahi »
Milarepa
Comme toutes les traditions spirituelles et religieuses, le bouddhisme c’est aussi - peut-être, d’abord… - de « grandes figures » inspirantes. Des sages, des saints, des arhats « méritants », des yogis « accomplis », des bodhisattvas, des maîtres spirituels, mais aussi des penseurs, des auteurs, des philosophes, des fondateurs d’institutions, dont certains furent aussi artistes, médecins, acteurs politiques… Qu’il s’agisse d’hommes (le plus souvent) ou de femmes, qu’il s’agisse de moines, d’ermites ou de « laïcs », ils sont autant de chaînons, à travers les siècles et les pays, entre le Bouddha Gautama et ses disciples actuels. Connaître et comprendre le bouddhisme, c’est donc s’intéresser à la vie et aux oeuvres de ces (im)personnalités remarquables, en articulant au mieux récits traditionnels et apports scientifiques. Un florilège qui ne prétend bien sûr à aucune exhaustivité, mais espère une certaine représentativité.
En 2023-24, nous avions privilégié des fleurons masculins de cette si riche histoire bouddhique… Rien d’étonnant à ce que nous attachions, cette année, à quelques unes de ses principales figures féminines, trop souvent (et injustement) méconnues.
Contenu du cycle
« Grandes figures historiques féminines du bouddhisme en Asie »
Rencontres avec des femmes remarquables
Séance 1 - Le samedi 26 octobre de 10h30 : Eshin-ni (1182-1268), épouse de Shinran et « mère » du Jodo Shinshu, « École véritable de la Terre pure » - Jérôme Ducor
Eshin-ni (1182-1268) est l’archétype de la femme bouddhiste dans le Japon du XIIIe siècle. Personnalité à fort caractère, elle épousa Shinran, le fondateur de l’Ecole véritable de la Terre Pure, l’une des traditions bouddhiques les plus répandues au Japon. Ce fut la première union assumée d’un moine, et non pas un simple concubinage comme il y en avait beaucoup alors. Leur couple était d’autant plus remarquable que le mari et sa femme se considéraient l’un l’autre comme des incarnations de Kannon, le bodhisattva de la compassion. Ils eurent ensemble six enfants et partagèrent les difficultés de l’exil qui frappa le maître de Shinran de 1207 à 1211.
Eshin-ni a laissé une dizaine de lettre à leur fille cadette, Kakushin-ni. Ces documents autographes fournissent des détails inédits sur la vie de Shinran et nous montrent que sa femme avait comme lui une trempe que l’on peut qualifier de « mystique ».
Leur fille Kakushin-ni hérita du tempérament énergique de sa mère et fonda un mausolée sur la tombe de son père, qui deviendra le Honganji, l’un des temples bouddhiques les plus importants du Japon d’aujourd’hui.
Séance 2 - Le mardi 29 octobre 2024 de 19h : Machik Labdrön, figure cardinale du Chöd, l’une des pratiques les plus frappantes du bouddhisme himalayen - Jérôme Edou & Eric Vinson
Figure charismatique contemporaine de Milarépa (XIIe s.) toujours très vénérée aujourd’hui comme une émanation de la « Perfection de sagesse » (Prajna Paramita), la Tibétaine Machik Labdrön fut épouse et mère. Mais elle fut aussi et d’abord une accomplie et une enseignante exceptionnelle, en tant que « fondatrice » d'une pratique tantrique remarquable, le Chöd (« couper, trancher » en tibétain, à savoir l’attachement égotique, avec les émotions et voiles en rapport), l’une des plus fulgurantes pour atteindre l’Eveil.
Séance 3 - Le samedi 1er février 2025 de 10h : De la représentation à l’incarnation : florilèges de dakinis, de Vajrayogini à Khandro Rinpoché - Nathalie Gauthard
Les dakini (sanskrit) ou khandroma, (tibétain : littéralement, « celles qui se déplacent dans les airs ») sont des êtres célestes porteurs de pouvoirs spirituels considérables, qui jouent un rôle important dans l’exécution des tantras supérieurs. Ce cours déclinera différents supports de représentation des dakinis : des tangkhas aux danses sacrées et aux « dakinis incarnées » contemporaines.
Séance 4 - Le mardi 25 mars 2025 à 19h : Mandarava, archétype de longévité spirituelle et principale épouse mystique indienne de Padmasambhava - Philippe Cornu
Maṇḍaravā occupe une place importante dans les cycles de biographies consacrées à Padmasambhava au Tibet. Présentée comme une épouse mystique du Maître, la fille du roi de Zahor incarne le triomphe de la pure sagesse sur l'ignorance et devient principe de longévité, permettant à Padma d'atteindre le corps d'immortalité. Elle joue un rôle considérable dans la cache d'enseignements-trésors au Bhoutan et en tant que déité féminine de longue vie.
Séance 5 - Le mardi 20 mai 2025 à 19h : Yéshé Tsogyal, princesse tibétaine et parèdre vénérée de Padmasambhava - Philippe Cornu
Princesse tibétaine, Yéshé Tsogyal a été choisie comme reine par l'empereur Trisongdétsen avant de devenir la parèdre de sagesse de Padmasambhava. Après avoir subi des épreuves et séjourné au Népal, elle maîtrisa la pratique d'activité de Vajrakilaya et joua un rôle très actif dans la dissimulation des terma, les enseignements-trésors du Maître destinés aux temps à venir. Incarnation du principe féminin de la dākinī d'activité de la sagesse, Yéshé Tsogyal est l'objet de nombreuses pratiques dans l'école nyingmapa.
Séance 6 - Le samedi 24 mai 2025 à 10h : Quelques grandes figures féminines du Theravada - Didier Treutenaere
L’histoire du Theravāda est marquée par l’extrême discrétion de ses maîtres, choisissant de s’effacer derrière le Dhamma, et par la prééminence masculine. Cette séance a pour objet de mettre en valeur les figures féminines qui, avant la disparition des lignées de bhikkhunī à la fin du premier millénaire, par leur personnalité et leurs qualités, sont parvenues, malgré les obstacles, à incarner et à transmettre le Dhamma.
Séance 7 - Le mardi 17 juin 2025 de 19h : Nigouma, figure cardinale des tantras bouddhiques - Jean-Marc Falcombello
Active aux Xe ou XIe siècles en Inde, Nigouma est l'une des yoginis et enseignantes du Vajrayana les plus influentes. Fondatrice de l'école Shangpa Kagyu avec Sukhasiddhi, elle est une ḍākinī semi-légendaire connue sous plusieurs noms, dont Yogini Vimalashri et Vajradhara Nigouma. Son nom de naissance était Shrijnana, et elle est souvent liée au célèbre enseignant Nāropa, en tant qu’initiatrice - tout comme ce dernier - d’une lignée essentielle de yogas tantriques, les « Six Yogas de Nigouma ».
Dates des séances de cours :
(Tous les cours passés sont visionnables en replay)
- Séance 1 - Le samedi 26 octobre de 10h30 : Eshin-ni (1182-1268), épouse de Shinran et « mère » du Jodo Shinshu, « École véritable de la Terre pure » - Jérôme Ducor
- Séance 2 - Le mardi 29 octobre 2024 de 19h : Machik Labdrön, figure cardinale du Chöd, l’une des pratiques les plus frappantes du bouddhisme himalayen - Jérôme Edou & Eric Vinson
- Séance 3 - Le samedi 1er février 2025 de 10h : De la représentation à l’incarnation : florilèges de dakinis, de Vajrayogini à Khandro Rinpoché - Nathalie Gauthard
- Séance 4 - Le mardi 25 mars 2025 à 19h : Mandarava, archétype de longévité spirituelle et principale épouse mystique indienne de Padmasambhava - Philippe Cornu
- Séance 5 - Le mardi 20 mai 2025 à 19h : Yéshé Tsogyal, princesse tibétaine et parèdre vénérée de Padmasambhava - Philippe Cornu
- Séance 6 - Le samedi 24 mai 2025 à 10h : Quelques grandes figures féminines du Theravada - Didier Treutenaere
- Séance 7 - Le mardi 17 juin 2025 de 19h : Nigouma, figure cardinale des tantras bouddhiques - Jean-Marc Falcombello
Les enseignants :
Philippe Cornu, président de l’IEB, a étudié le bouddhisme sous la direction de maîtres du bouddhisme tibétain, nyingma et bönpo. Docteur en ethnologie religieuse, ancien chargé de cours à l’INALCO et professeur à l'Université catholique de Louvain-la-Neuve (UCLouvain, Belgique) en bouddhisme, hindouisme et histoire des religions, il a publié des traductions de textes fondamentaux du bouddhisme : Longchenpa, La liberté naturelle de l'esprit (Seuil, Points Sagesse, 1993), Padmasambhava, Le Livre des morts tibétains (Buchet-Chastel 2009 et Pocket), le Soûtra du Diamant (Fayard, coll. Trésors du bouddhisme, 2001), Vasubandhu, Cinq traités sur l'Esprit Seul (Fayard, 2006). Il est aussi l'auteur du Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme (Seuil, 2001-2006), de l'essai Le bouddhisme, une philosophie du bonheur? (Seuil, 2013) et du Manuel de bouddhisme en 3 tomes (rangdröl, 2019). Il a aussi publié une Introduction à l'histoire des religions (rangdröl, 2016), ces deux derniers ouvrages étant en auto-édition.
Jérôme Ducor, titulaire d'une licence en histoire des religions et d'un doctorat en japonologie à l'Université de Genève, est privat-docent de l'Université de Lausanne et conservateur du département Asie du Musée d'ethnographie de la Ville de Genève. Il a reçu l'ordination et la maîtrise de l'école bouddhique Jōdō-Shinshū ("Ecole Vraie de la Terre Pure") et est responsable du temple Shingyoji de Genève. Il a notamment publié : Shinran. Un réformateur bouddhiste dans le Japon médiéval (Infolio, 2008), Le Sūtra d'Amida prêché par le Buddha (Société Suisse-Asie, Peter Lang, 1998). Il est aussi le responsable du site Internet "Buddhist Resources Links Pitaka".
Eric Vinson enseignant et journaliste, est docteur en Science politique et chercheur associé au GSRL (EPHE-CNRS), il enseigne le « fait religieux » à Sciences Po, à Paris-Dauphine et à l’Institut Catholique de Paris. Il a notamment publié, avec S. Viguier-Vinson, chez Albin-Michel : Mandela Gandhi : la sagesse peut-elle changer le monde ? (2018) et Jaurès le prophète, Mystique et politique d’un combattant républicain (2014).
Né à Paris en 1952, Jérôme Edou suit des études de sociologie puis découvre le bouddhisme en Inde et au Népal dans les années 70. De retour en Occident, il étudie et traduit les textes des grands lamas tibétains en Europe et aux Etats-Unis. Depuis 25 ans, il vit au Népal. Spécialiste de l’Himalaya, il partage son temps entre la recherche spirituelle, l’écriture, la peinture Chan et Sumi’é et l’organisation de voyages avec son agence Base Camp Trek basée à Katmandou. Il anime l’Association Garuda et est correspondant au Népal de plusieurs media français.
Nathalie Gauthard est ethnologue spécialisée dans les arts performatifs tibétains et Professeure à l’Université d’Artois. Titulaire d’un doctorat et d’une HDR (Habilitation à Diriger des Recherches), elle a mené des recherches ethnographiques en Asie, alliant observation participante et études sur les danses sacrées tibétaines. Sa thèse portait sur leur adaptation internationale, et son HDR a exploré les dynamiques des arts vivants. Depuis plus de 20 ans, elle visite régulièrement le monastère de Shechen au Népal et travaille avec des communautés tibétaines en exil. Ses recherches actuelles se concentrent sur les « patrimoines invisibles », la notion de bienveillance dans l’art, et les enjeux environnementaux de la création artistique.
Didier Treutenaere est diplômé en philosophie de l'Université Paris-Sorbonne. Spécialiste des textes bouddhistes en langue pāli, il vit en Asie du Sud-Est où il poursuit des travaux d'écriture et de traduction d'ouvrages consacrés à la tradition Theravāda. Il a été ordonné moine dans l'ordre Mahānikāya de Thaïlande en 2018, pour la durée de la traditionnelle retraite de la saison des pluies.
Journaliste culturel à la Radio Suisse Romande, J.-M. Falcombello devient dès les années 80 un disciple proche du maître tibétain Lama Teunsang (mort en 2023). Interprète en langue tibétaine, il se met au service de la transmission orale des enseignements, ce qui lui permet d’étudier les grands textes classiques de la tradition Kagyupa. Ayant effectué la retraite de trois ans, il est aujourd’hui président de l’Association du centre bouddhiste de Montchardon (France) et se consacre actuellement au Centre d'études du bouddhisme tibétain de Genève (CEBT, Suisse).