Présentation du cours :
La méditation est dans le bouddhisme un domaine vaste, dense, polysémique, et les résonances contemporaines ne contribuent pas forcément à l'éclairer. Avec ses prolongements en métaphysique (la méditation n'est-elle pas quelque part aussi un art de mourir et de renaître ?) en philosophie, en éthique, en phénoménologie, la méditation est vraiment le centre opératif de tout chemin spirituel dans le bouddhisme.
Du nirvana au corps d'arc-en-ciel que d'univers à appréhender !
Pour vous permettre une lecture et une approche documentées sur ce thème, l'Institut d'Etudes Bouddhiques vous présente quatre dimensions de la méditation à travers les écoles Theravada, Mahayana et Vajrayana, Tchan et Zen.
Cours en ligne à télécharger
Cycle de 4 séances. La pratique bouddhique est le plus souvent présentée comme celle de la "méditation" ; mais ce mot, d’origine chrétienne, ne traduit que très imparfaitement le terme bouddhique de bhāvana, la "culture mentale".
Au-delà de la seule pratique en assise, les divers courants du bouddhisme ont aussi proposé de multiples moyens de progression spirituelle : outre les interprétations variables des formes de bases (śamatha et vipaśyanā ), la 'méditation' peut se pratiquer dans des postures variées, comme aussi à travers préceptes, pèlerinages, rituels, récitations et psalmodies, kōan, travail manuel…
Ce cycle se propose d’en présenter les principes théoriques et d’en étudier les diverses formes, selon la perspective de quatre des principaux courants du bouddhisme.
Chaque séance a fait l'objet d'enregistrements, audio et vidéo, de cours donnés en salle lors des années précédentes, et complétés par un ensemble de documents pédagogiques, qui sont mis à disposition des étudiants, en téléchargement, sur cette plateforme.
Contenu du cycle de cours sur "méditation" et culture mentale :
Détail des leçons en téléchargement :
1 - dans le canon pāli et le Theravāda - Dominique Trotignon
Si le terme "méditation", en christianisme, évoque une "réflexion approfondie", la plupart des termes employés en pāli - paṭipadā ("voie"), magga ("chemin"), bhāvanā ("culture mentale"), sikkhāpada ("entraînements")… - n'évoquent en rien la réflexion mais plutôt un mouvement, un processus, comme d‟autres termes souvent employés dans les textes et rituels bouddhiques. Plusieurs textes évoquent aussi l'idée de culture ou de développement, selon une métaphore "agricole" ; on évoque un travail - qui demande effort, détermination… - afin de préparer l'apparition "naturelle" d'un phénomène de connaissance. Est-ce à dire que le bouddhisme n'évoque jamais l'intellect ?
2 - du Mahāyāna-Vajrayāna indo-tibétain - Philippe Cornu
A partir des éléments du Mahāyāna-Vajrayāna indien qui leur ont été transmis, les bouddhistes tibétains vont développer leur propre système de pratiques, très sytématisé. Si l'on distingue deux phases de pratiques essentielles de sādhana dans le Vajrayāna d'origine indienne - le "développement" (Kyérim) et la "perfection" (Dzogrim) - un "au-delà" du tantrisme va se développer spécifiquement au Tibet avec la Mahā-mudrā de l'école Kagyüpa - qui consiste en quatre étapes progressives, ou "quatre yoga" -, et le Dzogchen ou "Véhicule de rigpa" ("présence éveillée") - qui se présente comme l'aboutissement d'un cheminement en neuf véhicules (yāna), dont les huit premiers s'appuient sur l'esprit "conceptuel" ordinaire (sem) alors que le neuvième ne s'appuie que sur la seule "présence éveillée" (rigpa).
3 - du zen japonais - Eric Rommeluère
Le terme zen résulte de la prononciation japonaise du terme chinois chan(na), lui-même issu du terme sanskrit dhyāna, dans le sens général (non technique) de "méditation". Dans le contexte chinois, les écoles bouddhiques se sont développées à partir de la traduction de textes et s'organisent en trois courants : scripturaire, privilégiant l'étude des textes (sūtra) ; disciplinaire, centré sur l‟étude du Vinaya ; et un courant centré sur la "méditation" (dhyāna). Ces courants du dhyāna inviteront à une pratique exclusive de la méditation assise, sans interruption. Mais en quoi consiste cette méditation ? Et comment articuler les techniques de méditation, issues des écoles du bouddhisme ancien, avec les enseignements du Grand Véhicule, dont les textes n'évoquent guère de techniques concrètes ?
4 - dans le bouddhisme chinois - Paul Magnin
Quand le bouddhisme parvient en Chine, au Ier s. avant J.-C., il est adopté à la faveur d'une certaine "méprise" : les techniques de concentration et de respiration des bouddhistes rencontrent l‟intérêt des Chinois pour le souffle (qi), dans le but de pouvoir acquérir immortalité ou longévité, pour soi et pour la société. L'étude de textes comme le "Sūtra de la contemplation la plus profonde et souveraine" (zuimiao shending jing) et le développement d'écoles bouddhiques proprement chinoises, comme celle du Tiantai (ou "Terrasse céleste"), vont faire émerger des pratiques spécifiques, visant notamment à la découverte de sa "nature de buddha" (foxing), par l‟intermédiaire d'exercices d'arrêt (zhi) et d'examen ou pénétration (guan) - correspondant aux śamatha et vipasyanā indiens. Les méthodes pratiques sont exposées dans deux ouvrages de Zhiji : "Le sens profond du Sūtra du Lotus » (Fahua Xuanyi) et "La grande concentration et pénétration" (Mohe Zhiguan).
Les enseignants :
Dominique Trotignon, Directeur de l’IEB, président honoraire de l’association « Vivekārāma », il effectue des travaux de synthèse et de réflexion sur le bouddhisme ancien de l’Inde et le Theravāda, ainsi que sur l’implantation du bouddhisme en France. Il a notamment publié, avec Thierry-Marie Courau, de La mort est-elle une fin ? (Salvator).
Philippe Cornu, président de l’IEB, a étudié le bouddhisme sous la direction de maîtres du bouddhisme tibétain, nyingma et bönpo. Docteur en ethnologie religieuse, ancien chargé de cours à l’INALCO et professeur à l'Université catholique de Louvain-la-Neuve (UCLouvain, Belgique) en bouddhisme, hindouisme et histoire des religions, il a publié des traductions de textes fondamentaux du bouddhisme : Longchenpa, La liberté naturelle de l'esprit (Seuil, Points Sagesse, 1993), Padmasambhava, Le Livre des morts tibétains (Buchet-Chastel 2009 et Pocket), le Soûtra du Diamant (Fayard, coll. Trésors du bouddhisme, 2001), Vasubandhu, Cinq traités sur l'Esprit Seul (Fayard, 2006). Il est aussi l'auteur du Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme (Seuil, 2001-2006), de l'essai Le bouddhisme, une philosophie du bonheur? (Seuil, 2013) et du Manuel de bouddhisme en 3 tomes (rangdröl, 2019). Il a aussi publié une Introduction à l'histoire des religions (rangdröl, 2016), ces deux derniers ouvrages étant en auto-édition.
Éric Rommeluère, est membre de l'IEB depuis sa création, fondateur et responsable de l'association « Un Zen Occidental », Éric Rommeluère pratique le zazen depuis plus d'une trentaine d'années et a reçu, en 2011, à Tôkyô, la "transmission du dharma" (jap. shiho) du maître japonais Gudô Nishijima, traducteur et commentateur des œuvres du maître zen Dôgen. Il a aussi publié plusieurs ouvrages consacrés au Zen ou, plus généralement, au bouddhisme : Les fleurs du vide (Grasset, 1995), Les bouddhas naissent dans le feu (Seuil, 2007), Le bouddhisme n'existe pas (Seuil, 2011), Le bouddhisme engagé (Seuil, 2013), Se soucier du monde (Almora, 2014), Le kesa conforme au dharma (Les Nuages blancs, 2014).
Paul Magnin, directeur de recherche émérite au CNRS, est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques ou de vulgarisation sur le bouddhisme, notamment chinois. Il poursuit actuellement ses recherches sur la question de Dieu et sur les enjeux de la méditation dans le bouddhisme et le christianisme. Il est professeur invité à la faculté jésuite de philosophie, Centre Sèvres à Paris.